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Old : Sur la plage, abandonnés

M. Night Shyamalan nous avait un peu laissé sur le carreau avec les incursions super-héroïques de ces dernières années (Split, Glass). Il revient avec Old, traditionnel film fantastique qui surprend par un mémorable twist final. 

Un groupe de vacanciers se voit proposer une excursion sur une île paradisiaque. Ils découvrent rapidement, et avec effroi, qu’une force mystérieuse les empêche de quitter la plage, et qu’ils y vieillissent de façon accélérée. Leurs heures sont comptées… Que se passe-t-il sur cette île et pourquoi ces individus ont-ils été faits prisonniers de cet endroit ? Les pistes fusent dans nos têtes, on songe à un escape game – à la mode sur les écrans en ce moment – ou à une expérience sociologique. Autant de situations qui peuvent permettre l’étude d’une micro-société, le groupe commence d’ailleurs rapidement à se diviser, révélant des pulsions racistes et meurtrières en son sein. On envisage même la captation d’un épisode de téléréalité morbide, d’autant qu’un homme observe le petit groupe depuis une falaise. Le voyeur n’est autre que Shyamalan lui-même, qui va bien plus loin que son habituel caméo en prenant part au récit. Il se place avec second degré dans la posture du Deus ex machina, celui qui amène la fiction et prend ses personnages au piège comme des souris en cage. 

On a déjà vu des projets cinématographiques traitant du rajeunissement, comme L’Homme sans âge de Coppola (2007) ou L’Etrange histoire de Benjamin Button de Fincher (2009). Mais le vieillissement soudain n’est que peu traité – ou dans des œuvres à portée plus philosophique comme Le Portrait de Dorian Gray (Albert Lewin, 1947). En cela, Shyamalan propose un film qui nous tient en haleine. Il matérialise les va-et-vient du temps à coups de mouvements de caméra anxiogènes et place ses personnages dans un huis clos à ciel ouvert. Les roches menaçantes qui surplombent les personnages rappellent le sublime Pique-Nique à Hanging Rock de Peter Weir (1977), et le dispositif, dont on ne révèlera pas tout, à quelque chose du roman L’Invention de Morel d’Adolfo Bioy Casares (1940). Les protagonistes, contrairement à la nouvelle, ne sont pas coincés dans le passé, mais condamnés dans leur futur. Là où le film déçoit, c’est par les ficelles un peu grossières qu’il tire, qu’on a déjà explorées maintes fois. Dès la scène d’ouverture, les allusions au rapport au temps qu’entretiennent les personnages sont un peu lourdes, entre impatience et incapacité à profiter du moment présent. Les indices qui arrivent par la suite sont égrenés de façon évidente également. Et le happy end dont nous gratifie le réalisateur place le film dans une forme de pathos, qu’il aurait pu éviter en s’engouffrant dans un versant horrifique plus radical. On notera quand même la présence rafraîchissante de Vicky Krieps, que l’on est heureux de retrouver sur les écrans après une trop longue absence (elle est également à l’affiche du délicat Bergman Island de Mia Hansen-Love). M. Night Shyamalan a encore des idées macabres débordantes en stock, et malgré ses défauts, Old nous propose un divertissement efficace. Et dire qu’il nous en propose depuis quasiment 30 ans, ça ne nous rajeunit pas.

Réalisé par M. Night Shyamalan. Avec Gael Garcia Bernal, Vicky Krieps, Rufus Sewell… Etats-Unis. 01h48. Genres : Thriller, Fantastique. Distributeur : Universal Pictures International France. Sortie le 21 Juillet 2021.

Crédits Photo : D. R.

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