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Cannes 2023 #2 I The Feeling That The Time for Doing Something has passed : Chronique de la gêne ordinaire

Dans cette production très indépendante venue des États-Unis, la multi-tâche Joanna Arnow est aux manettes de l’écriture, de la réalisation et du montage. Et comme c’est un projet visiblement très personnel, elle s’est aussi donnée le rôle principal. On peut dire qu’elle s’est gâtée en s’offrant le personnage d’Ann, jeune New-yorkaise de 35 ans adepte de masochisme. Son attitude blasée et neurasthénique ne laissant voir aucun indice, on ne sait pas vraiment s’il s’agit d’assouvir un réel et profond désir ou si cela lui sert de défouloir pour mieux gérer un quotidien terriblement morne. En effet, entre sa famille, dont les membres sont incapables de chaleur ou de sentiments, et un travail inepte aux fonctions indéterminées, ces séances de soumission souvent absurdes font office de respiration. Jusqu’au jour où elle rencontre un homme avec qui elle commence à entretenir une liaison traditionnelle. 

Les influences de ce premier film sont nombreuses et non dissimulées. Quelques réminiscence de la mouvance mumblecore, un intérêt pour les films avec Greta Gerwig période Noah Baumbach et surtout, une lien de filiation indéniable avec le roi de la gêne, Todd Solondz (Happiness, Bienvenue dans l’âge ingrat). Un humour très cru, mi-grinçant mi-noir, habille de courtes scènes, tellement courtes qu’on dirait parfois des saynètes, et le montage abrupt vient renforcer l’idée d’inconfort qui semble être recherchée. 

Au résultat, une mise à nue au propre comme au figuré pour ce premier film osé et assumé mais parfois flou et répétitif qui finalement déroute plus qu’il ne séduit.

Réalisé, écrit et interprété par Joana Arnow. Avec : Scott Cohen, Babak Tafti… 1h27. Genre : Drame. Séance Spéciale du Festival de Cannes 2023. 

Crédits Photo : © 2023, Festival de Cannes.

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