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Édito : Le Goût des Autres

Dès lors qu’on s’intéresse un tant soit peu à la façon dont le monde est régi, on se heurte violemment à l’axiome « Tout est Politique ». Sur nos écrans, drapeau tricolore oblige, on pense évidemment à la Nouvelle Vague, au documentaire de Depardon sur Valérie Giscard D’Estaing et peut-être à Baron Noir si on est branché série. Qui sait, peut-être qu’on déviera sur la méticulosité avec laquelle David Simon dans The Wire ou Pierre Schoeller dans L’Exercice de l’État parviennent à saisir la complexité des engrenages des structures sociales et des individus qui les habitent. Il ne faut par ailleurs surtout pas oublier qu’il existe une différence entre la politique et le politique. La première étant un métier, une fonction occupée sur un terrain médiatique avec une influence sur la vie civile, le second désignant la vie des peuples dans les cités, ses luttes et ses conditionnements sociétaux, depuis au moins l’apparition de nos amis les grecs antiques. Cet alliage incontournable entre le cinéma et la politique, qu’on dépoussière à chaque évènement digne de ce nom, n’est pas vain, mais reste en surface. Pourtant les deux sont plus perméables qu’on nous le laisse croire et, s’infusent l’un l’autre continuellement. Prenons donc le temps d’une plongée au cœur du 7ème art, là où les enjeux de sociétés se brassent et se rencontrent.

Après avoir vécu un quinquennat liberticide et une présidentielle douloureuse, à l’annonce de la mort du 7ème art on préfère mobiliser un dernier souffle pour prendre les armes critiques avec une dose incommensurable d’espoir, plutôt que de se résoudre à le voir disparaître au ralenti. Pour affirmer qu’il existe encore des moyens de lutter, en dénichant des œuvres engagées, en proposant de nouvelles grilles de lectures analytiques et en rappelant que le cinéma est à tout le monde.

L’occasion pour nous de revenir sur Les États Généraux du Cinéma qui ont réuni, dans un moment fragile de l’industrie, plusieurs artisans du 7ème art inquiets de le voir disparaître pour de bon. Mais aussi sur le film coup de poing radical des années 70 Themroc dont la hargne n’a pas pris une ride ; ou encore de prendre conscience de l’état décourageant de la critique cinéma dite objective ; et de dresser au passage un bilan sur la représentation des personnages pauvres dans les œuvres sorties récemment comme la curiosité Les Vedettes de Jonathan Barré ou le terrifiant thriller À Plein Temps de Eric Gravel. Un constat rude contrebalancé par une analyse tendre de la salsa, son origine et son impact politique grâce à Our Latin Thing. Cette thématique sera d’ailleurs aussi l’opportunité de communiquer notre gratitude pour toutes ces analyses percutantes et nourries qui résistent au sein d’une critique très conservatrice (Bolchegeek, Videodrome, Cinéma et Politique). Avec toujours cette idée que le cinéma peut être vecteur d’idéal. Quand l’art se politise, les puristes y voient souvent du mauvais goût. On préfère y voir de l’émotion, de la sincérité et une façon d’exister envers et contre tout.

Crédits Photo : A Plein Temps © Haut et Court.

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