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Legion saison 2 : Le Rêve du mutant

Créée par Noah Hawley (le papa de la  superbe série Fargo, à voir absolument si ce n’est déjà fait) et diffusée sur OCS depuis avril 2017,  Legion est une série pas vraiment comme les autres. Volontairement et avec jubilation, elle déconcerte en ne cherchant pas à prendre par la main le spectateur pour  lui montrer le chemin d’une narration basique et codifiée. A bas les intrigues scénarisées comme du papier à musique et gloire à un univers totalement déjanté et surréaliste, où l’esprit d’un David Lynch rencontrerait celui de Marvel.

Mais au fait, de quoi parle Legion ? Difficile de la définir tant les thématiques sont denses, tant les différents axes se multiplient sans explication. Autant de ramifications qui nécessitent une concentration accrue de la part des spectateurs au risque d’en laisser beaucoup sur le bord de la route. Nous pouvons juste dévoiler que le personnage principal est un mutant, David Haller, fils du professeur Xavier de la saga X-Men, détenteur d’un pouvoir hors norme, probablement unique en son genre, longtemps considéré comme schizophrène et ayant vécu (durant les premiers épisodes de la saison 1) dans un hôpital psychiatrique.

Et si Legion était simplement une bouleversante histoire d’amour entre deux êtres anomaux, souffrant terriblement de ce fardeau d’être des monstres et traités comme tels ? David tombe amoureux de Sydney Barrett, une jeune femme qui porte des gants au risque d’échanger son corps avec les gens rien qu’en les touchant. En rencontrant David, elle commence à s’accepter et à ouvrir son cœur. Leur romance sera traitée en filigrane tout le long des deux premières saisons, hallucinogènes à souhait.

Legion est une série qui semble se dérouler aussi bien dans un rêve que dans un cauchemar et cela de manière continue, sans de véritables interruptions. Un croisement hybride entre Inception de Nolan et Eternal Sunshine Of The Spotless Mind de Gondry. La mise en scène, virtuose, s’accorde admirablement aux névroses intérieures et oniriques des personnages et ce qui pourrait s’apparenter à un long clip à la photo léchée est en fait une relecture géniale de la science des rêves dans ce qu’elle a de plus fascinante. Tels ces plans fantasmatiques couleur néon ressemblant à des tableaux tout droit sortis des Enfers ou ces cadrages néo japonais à la limite de l’abstraction.

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Dans cette deuxième saison, David devra affronter son pire ennemi, le Shadow King, un super vilain qui manipulait son esprit depuis sa plus tendre enfance et qui avait été expulsé à la fin de la saison 1. Le Roi d’Ombres est de retour et n’hésitera pas à prendre possession d’autres personnages pour arriver à ses fins. Une saison 2 brillante et fascinante qui élargit le champ des possibles et qui plonge plus profondément dans une rêverie hallucinée et fantasmagorique. De plus, l’émotion affleure enfin dans la série (la saison 1 étant plutôt sèche de ce côté-là). Une réelle empathie pour les personnages voit le jour. On y croise, entre autres, des femmes à la voix robotique portant toutes des moustaches, le Minotaure dans son Labyrinthe (allégorie centrale de la série),  un immense trou en plein désert où se tapit une créature et surtout un combat final d’anthologie qui permet à la série de mélanger la comédie musicale et le cinéma d’animation. Soit un climax hallucinant où les personnages entonnent une reprise de Behind Blue Eyes, morceau culte des Who avant de combattre dans un style manga ! Legion c’est ça, cette liberté artistique qui donne un souffle libertaire à l’univers de la pop culture américaine. On dit tant mieux et on attend de pied ferme une troisième saison qui s’annonce palpitante au vu de la tournure dramatique et inattendue du final de la saison 2.

Legion. Série créée par Noah Hawley.  Saison 2 : 11 épisodes de 60 minutes. Diffusion USA : FX. Diffusion France  : OCS d’avril à juin 2018 (toujours visible sur OCS Go). 

Ayant côtoyé dans sa jeunesse les zombies et autres serial killers, Gabriel n'a aucun problème avec les freaks. Passionné de cinéma de genre, de films subversifs ou provocateurs, ce jeune homme peut quand même verser sa larme devant "Eternal Sunshine Of The Spotlight Mind", être touché par la grâce du cinéma de Malick ou pleurer de rire devant un film des frères Coen... Aimer le cinéma dans toute sa diversité ? Oui.

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