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Amore Mio : Femmes, il vous aime !

Après avoir réalisé trois courts, le comédien Guillaume Gouix livre Amore Mio, premier long métrage relatant un road trip imprévu qui magnifie ses actrices avec tendresse, mais pèche par une mise en scène complaisante qui étouffe la narration.

Le film s’ouvre sur des extraits de vidéos, pris sur le vif par le biais d’un smartphone, capturant l’idylle complice entre Lola (Alysson Paradis) et son compagnon Raphaël (Félix Maritaud). On retrouve ensuite Lola, accompagnée de son fils Gaspard (Viggo Ferreira-Redier), en route pour l’enterrement de Raphaël avant qu’elle ne change subitement d’avis et refuse de s’y rendre. Elle convainc alors sa sœur Margaux (Élodie Bouchez) de les emmener, elle et son petit garçon, loin de la cérémonie funéraire. Les trois personnages entament alors un road trip improvisé entre la France et l’Italie, où les deux sœurs découvrent les adultes qu’elles sont devenues et tentent de retrouver leur complicité d’enfants. Tourné au format 1.33, Amore Mio nous place très vite au plus près de ses protagonistes, souvent filmés en plans rapprochés. Un choix de format étonnant pour un road movie, où la beauté des paysages traversés par le trio ne nous est donc quasiment jamais montrée. Par ce parti pris, Guillaume Gouix choisit donc plutôt de pointer sa caméra vers chaque expression, chaque souffle de ses personnages pour mieux nous faire comprendre le voyage interne à l’œuvre en chacun d’entre eux. Les tons chauds d’Amore Mio et sa caméra mobile, portée la plupart du temps, permettent également au réalisateur de magnifier ses comédiens, et notamment ses deux actrices. Filmées avec douceur et tendresse, Alysson Paradis et Élodie Bouchez laissent ainsi libre cours aux talents qu’on leurs connaît déjà, sous l’objectif de Gouix.

Le côté solaire et sauvage d’Alysson Paradis, compagne du réalisateur dans la vie, matche parfaitement avec son personnage de veuve imprévisible et excentrique en quête de liberté, tandis que l’intensité des regards et du sourire d’Élodie Bouchez font mouche sous les traits de la distante Margaux, noyée dans le train-train quotidien et qui a du mal à voir sa vie chamboulée. Ce duo sororal dépareillé se cherche puis se (re)trouve au gré des kilomètres après s’être perdu de vue longtemps. Tandis que la fuite en avant pour tromper le deuil de Lola fait remonter chez elle des failles profondes puis une once de sérénité, Margaux, elle, éclot peu à peu sous nos yeux et trouve son propre élan vers la liberté. Deux destins somme toute touchants qui s’effritent hélas rapidement à cause de la mise en scène, trop axée sur les comédiennes. Amore Mio prend donc assez vite des allures d’exercice de style complaisant, empêchant une réelle empathie pour les personnages, et où chaque nouvelle étape du périple semble devenir un prétexte à sublimer ses héroïnes. Et malgré le traitement subtil de l’incommunicabilité, Amore Mio laisse, à la fin du voyage, un goût d’inachevé et de frustration. 

Réalisé par Guillaume Gouix. Avec Alysson Paradis, Elodie Bouchez, Viggo Ferreira-Redier… France. 01h20. Genre : Drame. Distributeur : Urban Distribution. Sortie le 1er Février 2023.

Crédits Photo : © Urban Distribution.

Camille écrit et réalise des courts métrages, et officie en tant que directrice de casting sur de nombreux projets. Passée par les rédactions de Studio Ciné Live, Clap! Mag & Boum! Bang!, elle est rédactrice chez Les Écrans Terribles depuis 2018.

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