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Stella est amoureuse : À l’eau de rose fanée

Dans les années 1990, Stella va passer le bac. Coincée dans une relation de type guerre froide avec ses parents, elle préfère ne pas y penser. À la place, Stella va découvrir un nouveau monde : les sorties, la nuit, les amours… Mais malgré une ambition prometteuse et un casting porteur, le septième film de Sylvie Verheyde ne parvient pas à se dépêtrer de nombreux clichés. Dommage.

Il ne faut que quelques secondes pour comprendre ce qui nous attend. L’été est baigné de soleil. Une jeune fille embrasse un garçon sous l’œil ricaneur de ses copines, sur fond de musique pop et de voix off didactique. On entre clairement sur des terrains connus de teen movies et autres histoires amoureuses lycéennes. Alors, oui, c’est du déjà vu. Mais pourquoi une nouvelle génération de spectateurs n’aurait-elle pas le droit elle aussi à son L.O.L ? Son Breakfast Club ou son Stand by me (auquel le film fait d’ailleurs un clin d’œil) ? Et puis le film quitte ce cadre idyllique de la côte azuréenne pour un retour à la réalité de Stella et sa vie quotidienne. Sylvie Verheyde réussit à nous surprendre en plaçant son personnage dans une atmosphère urbaine très différente de ce dont on a l’habitude de voir dans ce genre. Ce quotidien plus glauque, partagé entre un père absent et une mère obnubilée par sa nouvelle conquête, quand elle n’est pas en surcharge de travail en tant que gérante d’un bistrot, nous prend à la gorge. Stella va passer le bac mais s’en fiche. Elle souhaite surtout profiter de sa vie de (presque) majeure et quitter tout ce qui la rend triste. Son désir de changement (matérialisé par la boîte de nuit, symbole du lâcher-prise et de liberté) va être à l’origine de sa rencontre avec André, dont Stella (attention : spoiler) va tomber amoureuse. Si la mise en scène, paresseuse, s’appuie sur un surdécoupage de séquences, on retient tout de même une jolie gamme de couleurs dans la photographie de Léo Hinstin (Nocturama) pour incarner plusieurs états de son héroïne (un bleu fumé puis du rouge, puis du vert). Marina Foïs et Flavie Delangle, qui interprète là son premier rôle au cinéma après avoir été révélée dans la série Skam France, sont très convaincantes en mère/fille et nous plongent grâce à des dialogues bien sentis dans cette âpreté morose des années 1990.  

Seulement, voilà. Alors que l’aspect sombre nous avait agréablement surpris, le film retombe très vite dans des travers trop classiques, gênants pour qui aurait vu ne serait-ce qu’un teen movie avant celui-ci. Les clichés s’accumulent et en deviennent embarrassants (une engueulade dans un appartement parisien qui se termine en vase cassé), voire problématiques (la discussion sur le passé de Stella aurait pu être évitée car il n’est jamais traité malgré les implications complexes qui vont avec). La nostalgie charmante des premières séquences finit par noyer le récit, en témoignent les hits qui s’enchaînent et finissent par se faner, de Téléphone à Fade to Grey. Au terme de quasiment deux longues heures, on ne peut s’empêcher de penser que, de la photographie à la réalisation, de l’écriture à l’interprétation, Stella est amoureuse est parsemée de bonnes intentions qui se révèlent stériles. De ces « presque », on retiendra quelques jolis moments comme ce premier baiser en boîte de nuit, donné en un temps suspendu et générant plus d’impacts nostalgiques que les effets racoleurs de la direction artistique. Le reste de ce nouveau film de Sylvie Verheyde est trop poussif. Ou peut-être sommes-nous trop vieux ? 

Réalisé par Sylvie Verheyde. Avec Flavie Delangle, Marina Foïs, Benjamin Biolay… France. 01h50. Genre : Comédie Dramatique. Distributeur : KMBO. Sortie le 14 Décembre 2022.

Crédits Photo : © Atelier de Production.

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