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Comment Je Suis Devenu Super-Héros : AmbitionMan

Depuis la mise en ligne de sa première bande-annonce en Octobre 2019, Comment Je Suis Devenu Super-Héros, hybride made in France qui sort sur Netflix suite aux aléas du COVID, attise une vive curiosité. Esthétique travaillée, casting aussi improbable qu’impeccable, et budget de 15 millions rivalisant difficilement avec les productions Marvel, l’adaptation éponyme du roman de Gérard Bronner par Douglas Attal tient-elle toutes ses promesses ? Verdict ci-dessous. 

Paris 2020. Dans une société où les surhommes sont banalisés et intégrés, une mystérieuse substance procurant des superpouvoirs à ceux qui n’en ont pas se répand. Face aux incidents liés à cette nouvelle « drogue » qui se multiplient, les lieutenants Moreau (Pio Marmaï) et Schaltzmann (Vimala Pons) sont chargés de l’enquête. Avec l’aide de Monté Carlo (Benoît Poelvoorde) et Callista (Leïla Bekhti), deux anciens justiciers, ils feront tout pour démanteler le trafic. Mais le passé de Moreau ressurgit, et l’enquête se complique…

Doit-on se réjouir à chaque sortie d’un nouveau « film de genre made in France » ? Oui, absolument. Parce qu’il a été reproché à maintes reprises au cinéma français son cantonnement à des drames sociétaux, des comédies populaires et des polars. On est donc toujours impatients lorsqu’un cinéaste français nous promet un film hors des sentiers battus. Le premier long métrage de Douglas Attal vient prouver que le cinéma hexagonal peut produire des blockbusters et nourrir de plus grandes ambitions. Les sorties récentes de La Nuée ou Teddy annoncent déjà cette envie d’un cinéma de genre français mieux mis en avant et la possibilité réelle d’étendre l’éventail des champs cinématographiques dans l’Hexagone malgré un public encore assez réticent. D’ailleurs, le risque est grand de se faire cancel par l’industrie, très réticente face aux sorties exclusivement sur Netflix. La plateforme posant également des limites à la visibilité du film. Mais l’ambition sincère de Douglas Attal, adossé à l’entreprise familiale pour la production, de se frotter au genre du film de super-héros à l’ère des superproductions américaines Marvel et DC, est largement louable.

Au visionnage de Comment Je Suis Devenu Super-Héros, des rapprochements se font par moment naturellement avec les séries Misfits ou The Boys, comme avec la saga X-Men et Watchmen. Et si le film est à la croisée de tous ces projets, Douglas Attal parvient à mixer l’ensemble de ses références tout en créant autre chose. Après deux courts métrages remarqués, le réalisateur prouve avec ce premier long métrage qu’il a digéré ses références et maîtrise son sujet. Le cinéaste parvient en effet à installer un univers auquel on croit rapidement, et dans lequel on marche jusqu’au dénouement final. Il prend son temps pour poser ses personnages et ses enjeux scénaristiques. La première partie du film, s’apparentant plus au polar noir, est cependant bien mieux réussie que la seconde, à l’arrivée notamment du personnage de Naja (Swann Arlaud), protagoniste inabouti auquel on ne croit malheureusement qu’à moitié.

On reste ici dans les archétypes propres au genre, à commencer par un méchant frustré plein de colère, un héros ayant peur de son pouvoir suite à un traumatisme… Comment Je Suis Devenu Super-Héros ne brille pas par l’originalité de son cheminement narratif, mais par sa confection ambitieuse et réussie. L’esthétique plutôt sombre du film, à la croisée du fantastique et du polar criminel, nous tient en haleine avec des effets spéciaux élégants. Ce blockbuster made in France a également pour lui un casting solide, Pio Marmaï, Vimala Pons, Benoît Poelvoorde et Leïla Bekhti en première ligne. Mention spéciale à Poelvoorde d’ailleurs, à mille lieues de son registre habituel, touchant dans les traits de Monté Carlo, justicier sur le déclin toujours prêt à en découdre. Non sans défaut, Comment Je Suis Devenu Super-Héros est un film attachant. Et si l’ensemble est en demi-teinte, le film vaut malgré tout le coup d’œil pour sa grande audace.

Réalisé par Douglas Attal. Avec Pio Marmaï, Leïla Bekhti, Benoît Poelvoorde, Vimala Pons… France. 01h37. Genres : Science-fiction, Action, Aventure, Drame. En exclusivité sur Netflix le 9 Juillet 2021.

Crédits Photo : © Shanna Besson.

Camille écrit et réalise des courts métrages, et officie en tant que directrice de casting sur de nombreux projets. Membre du Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des films de télévision, elle est passée par les rédactions de Studio Ciné Live, Clap! Mag et Boum! Bang!, et a été rédactrice chez les Écrans Terribles entre 2018 et 2024.

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