Copenhagen Cowboy : Néons & nausée
Après la série Too Old To Die Young, diffusée sur Prime Video en 2019, Nicolas Winding Refn récidive dans le format sériel aux commandes de l’étrange Copenhagen Cowboy, sous pavillon Netflix cette fois-ci. Le clivant « NWR » remet-il tout le monde d’accord avec ce nouveau projet à la lueur des néons qu’on lui connaît tant ? Verdict ci-dessous.
Après visionnage, Copenhagen Cowboy s’apparente plus à un (très) long film divisé en six épisodes qu’à une série. Dans ce trip hallucinatoire de près de six heures aux confins de Copenhague, nous suivons les (més)aventures de Miu (Angela Bundalovic), toujours affublée d’un survêtement bleu électrique et dont on n’apprendra pas grand chose si ce n’est qu’elle porte bonheur et est dotée de facultés surnaturelles. Suite à de nombreux aléas, la jeune femme se lance dans une quête de vengeance dans les bas-fonds de la capitale danoise, où elle côtoie les gangsters les plus violents, les prostituées les plus molestées et une famille richissime totalement flippante. L’intrigue prend place dans trois lieux distincts : un bordel paumé en pleine campagne où les prostituées sont des esclaves, un restaurant chinois en bord de route tenu par des malfrats dans lequel les cadavres sont dévorés par des porcs, et une immense bâtisse en bordure de bois abritant ladite famille blindée des plus psychotiques. Fil rouge de ce cauchemar éveillé, ces espaces sont régulièrement visités par Miu pour y régler différents problèmes, rarement les siens par ailleurs, à coups de poings (quand il y a entourloupe) ou de doigts (quand on a besoin d’être soigné par ses dons). Copenhagen Cowboy ne fait pas exception dans la filmographie en dents de scie de Nicolas Winding Refn, puisqu’il est ici encore question de dresser les dérives du monde par le biais des travers les plus sombres de l’Humanité.
On repassera pour ceux qui auraient envie de se prélasser devant des images d’Épinal en contrée danoise et de se faire un petit trip entre copains à l’issue du binge-watching. Le réalisateur dépeint plutôt une société crade et corrompue régit par la violence qu’il se fait de plus un malin plaisir à magnifier. Mise en scène ultra esthétisée, néons à gogo, surcadrages compulsifs, séquences étirées à l’infini (et au-delà), nombreux travellings circulaires qui tournent pourtant régulièrement à vide, protagonistes au corps et aux expressions figés… Nicolas Winding Refn se joue des détracteurs de son cinéma, mais semble aussi faire un doigt d’honneur à ceux qui, comme moi, attendent toujours un sursaut, une jolie surprise de la part du cinéaste qui peine à convaincre depuis Drive (2011). Complaisant dans sa patte, qui lui a valu les plus grands éloges comme les plus mauvais, le réalisateur lâche les chiens visuellement et s’octroie des envolées scénaristiques sans réponse. Il laisse même transparaître un certain opportunisme post #MeToo dans sa narration, mettant en scène un pseudo lynchage grossier du virilisme en faisant littéralement grogner les hommes comme des cochons, mais également en filmant une discussion nauséabonde entre le père friqué et son rejeton autour d’un pénis emballé en guise de cadeau. A l’image des dernières œuvres de son géniteur, Copenhagen Cowboy se traverse comme un rêve rêche et pompeux aux quelques fulgurances visuelles qui ne suffisent et ne suffiront jamais à envouter.
Réalisé par Nicolas Winding Refn. Avec Angela Bundalovic, Lola Corfixen, Zlatko Buric… Danemark, États-Unis. 6 Épisodes x 50 Minutes. Genres : Drame, Thriller. En intégralité sur Netflix depuis le 5 Janvier 2023.
Crédits Photo : © Magnus Nordenhof Jønck/Netflix.