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Festival Off Courts

Trouville Express #2 : Sardine et cinéma

Chers lecteurs, c’est l’heure de votre bulletin quotidien d’informations sur Trouvilleland, qui est actuellement the place to be en matière de cinéma, avec le festival Off-Courts. Après une première journée mouvementée, je m’attendais à une accalmie des énergies car c’est dimanche, jour du Seigneur. Que nenni : Trouville, la ville qui ne dort jamais, ne cesse de m’étonner.

Dimanche commence avec la projection « Séance en famille », programmation de courts métrages aux thématiques « tous publics ». Sympathique dans son ensemble, je m’étonne quand même du choix de certains films dans cette catégorie, notamment un, qui raconte si oui ou non une danseuse étoile doit se faire avorter pour aller danser au Bolchoï. Pas sûr que la petite Julie, 4 ans, ait saisi tout le dilemme. Le court métrage Tête-Bêche de Violette Gitton, sur lequel je reviendrai avec une interview, m’a enthousiasmé par son univers étrange et bucolique, qui évoque un croisement entre Mud de Jeff Nichols et les films de Léa Mysius.

En sortant du cinéma, je découvre en bord du canal le barbecue des familles. Au menu, sardines et maquereaux en plein air. L’occasion d’aller à la rencontre du public, de récolter quelques retours sur les films, et de bien confirmer que la petite Julie n’a toujours pas compris pourquoi la danseuse pleurait à chaque fois qu’on lui touchait le ventre.

Le deuxième programme de compétition de films français réservait deux très bonnes surprises : Tout seul d’Antoine Laurens etVenerman de Swann Arlaud et Tatiana Vialle.

Tout seul raconte comment un jeune homme, au visage difforme, vit seul et isolé dans un phare abandonné. Un pêcheur, qui lui apporte chaque jour des provisions, commence à lui écrire des messages. Plastiquement, le film est une grande réussite avec son image 4/3 aux couleurs fanées et le soin apporté à la mise en scène sonore – fait suffisamment rare en court métrage pour être souligné. Antoine Laurens propose une fable humaine moderne sur le pouvoir de l’image, et dont le dénouement est hautement satisfaisant.

Venerman, qui concluait le programme, narre le quotidien de Charles, 18 ans, dont le plus grand rêve serait d’être noir. Sur cette idée étonnante, Swann Arlaud et Tatiana Vialle déploient une réflexion sur l’identité – ou plutôt le manque d’identité –  à travers le quotidien de ce jeune homme fan de rap, qui sèche les cours pour aller voir son frère à Paris. Les dialogues sont d’une grande finesse d’écriture et la mise en scène porte un regard clairvoyant mais sans jugement sur Charles et son grand frère, qui s’est résigné dans un sage petit confort. Venerman, ou la vertu de la colère, offre lui aussi une conclusion enthousiasmante, en proposant une véritable solution au personnage. Et ça fait du bien.

En début de soirée, c’était la grande projection ouverte des films « Kinos », réalisés pendant le week-end. Le Village était archi-bondé et le public passait de la franche rigolade à l’ennui poli en fonction des films, inégaux. Mention spéciale au Kino du boucher devenu végétarien, vraiment réussi et qui a enflammé la soirée avec ses blagues sur les légumes bio.

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Une deuxième journée de festival aussi chargée que la première, qui s’est conclue comme vous vous en doutez avec cinq calva-tonic à la Guinguette.

Stay tuned !

Crédits photographiques : Alexandre Lança

Alexandre Lança est scénariste et réalisateur. Il considère Oprah Winfrey et J.K Rowling comme ses mères adoptives et est l'heureux possesseur d'un Dracaufeu shiny niveau 100. Depuis 2017, il est également membre élu au bureau de la Société des Réalisateurs de Films (SRF).

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