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Films,  Nommés aux Oscars

ONCE UPON A TIME… IN HOLLYWOOD : la rédaction en ébullition

Pour la sortie du 9e film de QT, l’équipe des Ecrans Terribles s’est déplacée en force en projection presse. Trois rédacteur·rice·s, trois regards, trois histoires avec la filmo de Tarantino.


Camille Griner : Passion Cliff Booth

Après avoir été déçue par Les Huit Salopards (2016) – oui, je fais partie de ce crew-là –, j’attendais de découvrir Once Upon A Time… in Hollywood non sans une certaine appréhension. Quand on sait de plus que le film dure 2h41, j’ai invoqué (très fort) le Dieu de l’Ennui pour qu’il me laisse tranquille ce coup-ci. Mise en scène, séquences, dialogues, personnages, bande originale… Si l’on retrouve un Tarantino bien plus inspiré pour ce neuvième film, il reste malgré tout quelques longueurs notables, qui se font clairement ressentir avant le grand final. Un final qui a heureusement le mérite de valoir vraiment le coup. L’atout majeur de Once Upon A Time… in Hollywood est en réalité le personnage de Cliff Booth, cascadeur aussi mystérieux que dangereux campé avec brio par Brad Pitt. C’est lui, et lui seul, qui m’a captivée sur l’intégralité du film. La majorité des scènes les plus réussies sont par ailleurs celles dans lesquelles il apparaît. Cliff est donc de la partie pour le bouquet final, ça va de soi. Une prestation notable dans la filmographie de Brad Pitt, dans la digne lignée de ses performances dans Inglourious Basterds (2009) et Burn After Reading (2008). Relayé au rang de cascadeur et de garde du corps, Cliff Booth détrône ici la vedette de western sur le déclin Rick Dalton (Leonardo DiCaprio) à l’écran, et dans mon cœur. 

Brad Pitt : inoubliable Cliff Booth. Copyright Sony Pictures

Gabriel Perron : Apothéose en QT majeur

Un auteur culte comme Quentin Tarantino, ancré profondément dans la pop culture américaine, n’a plus rien à prouver à la face du monde. Ses films, tous plus célèbres les uns que les autres, établissent un dialogue avec son public et continuent d’alimenter les opinions de chacun. A quel moment un cinéaste aussi respecté (et tout aussi détesté, avouons-le clairement) doit-il livrer son chef d’œuvre total ? A la fin de sa carrière, comme un ultime chant du cygne ? A ses débuts, comme ça, c’est fait ? Avec Tarantino, c’est difficile, les uns éliront Pulp Fiction, les autres Jackie Brown, ou certains, plus rebelles, Les Huit Salopards.

Et si on se penchait sur Once Upon A Time… in Hollywood ? Projeté en mai dernier au Festival de Cannes, la grande œuvre de l’enfant terrible du cinéma US débarque dans les salles françaises ce mercredi et personne ne se doute de ce qu’il va voir, même pas le fan le plus acharné. C’est un film à part dans l’œuvre collective de QT, crépusculaire, bouleversant, jouissif et d’une beauté majestueuse qui hante longtemps les esprits, autant sur le plan formel (encore un niveau au-dessus au sujet de la mise en scène) que sur le plan musical.

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Brad Pitt (Cliff Booth) et Leonard Di Caprio (Rick Dalton). Copyright Sony Pictures

Pour son neuvième long métrage, Quentin Tarantino a décidé de raconter une époque, 1969, la fin d’une ère idyllique et l’arrivée d’une autre ère beaucoup plus sanglante qui n’épargnera personne, symbolisée par l’assassinat de Sharon Tate (enceinte de huit mois) et de ses amis par les sbires de Charles Manson (le film entre de plain pied dans le sujet lors de ses vingt dernières minutes, totalement exceptionnelles). Once Upon… passe plus de deux heures vingt à déambuler dans Los Angeles avec ses personnages au crépuscule de leur carrière (l’un des plus beaux rôles de Brad Pitt, sans hésiter, LE personnage du film le plus attachant), délivrant une chronique insouciante, hilarante (la fameuse scène polémique avec Bruce Lee) et émouvante avant de basculer dans un déluge gore totalement hallucinant et surprenant. Ce 9e opus se conclut par la scène la plus émotionnelle de la filmographie tarantinesque, d’une polysémie qui nous laisse bouche bée puis en larmes.

Il était une fois un monsieur qui aimait faire du cinéma et qui tordait le cou avec fureur à l’Histoire tout en racontant des histoires avec une tendresse insoupçonnée.


Mohamed Magassa : Tarantino lâche tout

Quentin Tarantino était attendu au tournant pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il devait une revanche aux fans après un très bavard et plutôt ennuyeux Les Huits Salopards qui n’a pas vraiment soulevé les foules. Il faut également reconnaître que le climat post #MeToo a pesé sur les épaules fatiguées du cinéaste et accessoirement ami de longue date d’Harvey Weinstein. Pour Once Upon A Time… in Hollywood, le réalisateur star de Pulp Fiction s’est entouré de la fine fleur d’Hollywood. Voir Di Caprio et Brad Pitt en tête d’affiche n’est pas quelque chose de commun dans les temps qui courent. 

Le but de Tarantino est de faire rêver sur deux tableaux. Imposer un cast de stars planétaires et parler d’une période importante pour les Etats-Unis, la fameuse année pivot de 1969, qui représente la fin d’un rêve fantasmé, remplacé par une réalité plus rude. Ce qui frappe immédiatement, c’est de sentir Quentin Tarantino prendre un plaisir fou à conter cette période. Même s’il ne l’a pas connu lui-même, il est évident qu’il a appris tous les détails de cette fameuse année.

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Photo de tournage : Leonardo Di Caprio et Quentin Tarantino. Copyright Sony Pictures

Ce long-métrage raconte le destin de Rick Dalton, acteur en perte de vitesse et son cascadeur/homme à tout faire avec, en parallèle, l’histoire célèbre de Sharon Tate et la famille Manson. Sur le papier, tout est réuni pour que Tarantino se casse la gueule mais il s’en sort avec brio et montre qu’il a quelques beaux restes malgré les années et quelques échecs. La précision sur les détails de cette période est sidérante à tous les niveaux. Que ce soit sur les décors et la formidable bande son qui accompagne le film. Le personnage le plus important est sans aucun doute Cliff Booth (Brad Pitt) et ceci malgré un show Di Caprio complètement déchaîné tout au long du film. Dans son rôle de cascadeur, Pitt incarne l’envers du décor plutôt triste du rêve hollywoodien.

Once Upon A Time… in Hollywood est la célébration d’une époque qu’on ne reverra sûrement plus dans l’histoire. Il est aussi l’expression de la fin d’un rêve happé principalement par la guerre du Vietnam. La fin complètement déjantée du film est le dernier coup de folie que Tarantino gardait en lui depuis des années. Il y a cette sensation tenace d’un cinéaste qui ne veut plus se contenir mais surtout prendre plaisir à tourner des films qui lui ressemblent à tous les niveaux. Un coup de maître de la part du réalisateur qui épate par sa ténacité et par sa passion cinématographique intacte.

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Lors du festival de Cannes 2019, Fairouz M’Silti avait trouvé le film bien problématique.
APERCU :
« Once Upon a Time in Hollywood, le dernier film de Quentin Tarantino, légende cannoise, et sa myriade de stars étaient attendus comme Lionel Messi pendant la Ligue des Champions. Au paroxysme du fan service et sans histoire proprement dite, le film est un fantasme nostalgique et problématique, sur l’âge d’or d’Hollywood. Période bénie où les hommes les vrais n’étaient pas du genre à chouiner et sauvaient la princesse à la fin. Charlie Sheen va adorer #winning. »
Article complet ICI

One Comment

  • Benjamin

    Je découvre le site grâce à Blockbuster sur Inter et je fonds tout curieux sur cet article ! Je me rapproche peut-être davantage de Gabriel et de Mohamed que de Camille, encore que les avis se complètent plus qu’ils ne s’opposent. Je serais plus gêner par le commentaire de Fairouz. Un « fantasme nostalgique » c’est sûrement ça, mais il faut savoir alors distinguer ce qui relève du fantasme et ce qui relève de la nostalgie. Le fantasme c’est la princesse sauvée. Mais je changerais le mot pour parler plutôt de rêve ou même d’errance. On s’imagine des choses pour se faire du bien. La nostalgie ce n’est pas la toute puissance masculine mais plus simplement celle du contexte, de l’ambiance, de la culture cinématographique de cette époque. Moi ce qui m’a touché plus que le reste c’est le personnage de Sharon Tate et le paradis artificiel qui lui est aménagé dans le film.

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