Festivals,  Paris Surf & Skateboard Film Festival

PSSFF #3 : « Aloha », et à l’année prochaine !

Quatrième et dernier jour au Paris Surf & Skateboard Film Festival pour notre rédactrice Camille Griner. Elle revient sur la suite (et fin) de la sélection de courts métrages et les deux films en compétition vus ces dernières vingt-quatre heures.

Les rétines fatiguées, mais bien décidées à voir les derniers films inédits du festival, me voilà à nouveau en salle, prête à découvrir la seconde vague de courts sélectionnés en compétition. Le premier film nous téléporte à Janwaar, petit village pauvre de l’Inde transformé par la construction d’un skatepark. Dans Janwaar, Danny Schmidt capture avec tendresse les bambins skateurs turbulents et leur talent brut sur quatre roues. Une activité communicative et collective qui a également permis de faire tomber les barrières de castes et de genres, mais aussi celles entre les différentes générations dans le village. La suite nous emmène à l’extrême Est de la Turquie, dans une région appelée Vona, où le surfeur basque Kepa Acero continue sa quête perpétuelle de vagues uniques et inconnues à travers la planète. Clint Davis et son Vona nous offrent un mini florilège des paysages magnifiques et de l’hospitalité des habitants du coin qui, suite au passage de l’équipe de tournage, ont par ailleurs ouvert une école de surf et donc commencé à vaincre leur peur de la mer. Magique ! Place ensuite à Robin & Maria de Konstantina Levi, pastille féminine de huit minutes aux images pleines de grain dignes d’un clip vu et revu. On aurait peut-être aimé entendre plus les deux skateuses sur leur lifestyle pour véritablement s’y attacher et entrer pleinement dans le projet. S’il devait y avoir un prix de l’étrangeté au PSSFF, il aurait sans doute été remis à Avalanche de Myriam Santos. Après un carton d’introduction a priori informatif : « J’ai rencontré Pilou Ducalme afin d’échanger sur sa manière d’appréhender les vagues géantes », le court-métrage expérimental enchaîne des séquences étonnantes, multipliant les effets de style, et explore les liens entre le corps et l’océan dans un ensemble plutôt malaisant. Heureusement, Desert Dogs de Samuel Morris est là pour clore joliment cette seconde séance de courts, en demi-teinte par rapport à celle d’hier il faut bien l’avouer. Le réalisateur s’intéresse à deux jeunes skateurs marocains, Aya et Ibrahim, qui vivent leur vie comme ils l’entendent sans se soucier des traditions et règles en vigueur dans le pays. A travers leurs témoignages passionnants, Desert Dogs met en lumière la nouvelle génération de skateurs et le développement de la culture skateboard au Maroc.

Desert Dogs © D. R.

La pluie s’est invitée en ce dernier jour de festival, on est donc heureux de rester au sec en salle malgré la fatigue qui se fait rudement sentir. Avant dernier long-métrage en compétition, Boarders d’Annika Ranin nous emmène au Royaume-Uni à la rencontre d’un groupe de quatre skateurs en route vers les Jeux Olympiques. A travers les témoignages et tricks de Sam Beckett, Jordan Thackeray, Alex Decunha et Alex Hallford (clairement mon chouchou de la bande avec son parler über chill), le film retrace l’histoire du skateboard britannique, depuis son arrivée dans les seventies jusqu’à sa popularité actuelle et son nouveau statut de sport olympique. Mélancolique par moment, notamment lorsqu’est évoquée la période du COVID qui a mis nos quatre compères en pause dans leur entraînement, Boarders suscite l’attendrissement avec ses riders authentiques, qui réalisent que la rampe du succès olympique ne peut être atteinte sans compromis. Ayant pris un peu de retard dans l’après-midi, la programmation s’enchaîne et la dernière séance démarre sur les chapeaux de roues. Porté par la voix-off de Jason Momoa, Waterman de Isaac Halasima nous plonge une ultime fois dans l’océan avant la clôture du festival. Le film revient sur la légende du surf et icône olympique cinq fois médaillée, Duke Paoa Kahanamoku. Né en 1890 et considéré comme l’une des personnalités les plus importantes du monde du surf, il a contribué à faire connaître ce sport sur les côtes américaines, en Australie puis dans le monde entier lors de shows sur sa planche. Ayant vécu et exercé à une époque où la ségrégation faisait rage, Duke est taillé comme un titan mais l’amour et l’humilité qu’il dégage forcent le respect. Comédien occasionnel dans des rôles de chefs polynésiens, de chefs aztèques ou de chefs indiens en fonction des besoins des studios du Hollywood des années 20, il est par ailleurs également devenu un véritable héros lorsqu’il a sauvé huit hommes d’un naufrage avec sa planche de surf. Waterman est un vibrant hommage à cette personnalité à la sérénité fascinante et à son rayonnement, qui se perpétue depuis sa mort en 1968. De quoi raviver ce dimanche qui a commencé tièdement et termine le Paris Surf & Skateboard Film Festival en apothéose. Après délibérations du jury, composé cette année de Clémentine Gayet (programmatrice chez Netflix), de la surfeuse professionnelle et apnéiste Léa Brassy, du DJ et réalisateur Romain De La Haye (aka Molécule), du photographe et réalisateur Joaquim Bayle et de Pontus Alv (skateur pro’, réalisateur et fondateur de la marque Polar Skate Co.), le palmarès, qui me ravit pleinement, tombe. Ride The Wave et We Are Like Waves remportent respectivement les trophées du Meilleur long métrage et Meilleur court métrage dans la catégorie Surf, et The Oski Documentary et Desert Dogs ceux du Meilleur long et Meilleur court dans la catégorie Skateboard. Une Mention Spéciale a par ailleurs été décernée à Avalanche de Myriam Santos. « Aloha », comme dirait Duke, et à l’année prochaine !

Crédits Photo : Boarders © D. R.

Camille écrit et réalise des courts métrages, et officie en tant que directrice de casting sur de nombreux projets. Membre du Syndicat Français de la Critique de Cinéma et des films de télévision, elle est passée par les rédactions de Studio Ciné Live, Clap! Mag et Boum! Bang!, et a été rédactrice chez les Écrans Terribles entre 2018 et 2024.

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